Depuis 2015, l’afflux très important de migrants vers l’Europe occupe une place centrale dans les débats publics européen et nationaux. Ce phénomène, souvent désigné comme « crise migratoire », les médias l’ont largement couvert et en ont diffusé les images les plus poignantes tandis que certains hommes politiques l’ont utilisé dans leurs discours et dans leurs stratégies électorales. Bruxelles et la Belgique ont bien sûr été touchées par cette crise, par ses conséquences directes et indirectes. Mais qu’est-ce que cette crise ? S’agit-il d’une vraiment d’une crise ? Qui en sont les acteurs? Quelles en sont les causes? Quelles sont les solutions?
Dans ce contexte et face à ces questionnements, nos étudiants se sont chargés de décrypter, d’analyser et de comprendre les enjeux de cette crise. Ils ont eu pour mission d’aller sur le « terrain » et d’enquêter auprès de ceux et celles qui sont en prise directe avec le phénomène migratoire : les employés et dirigeants des institutions et associations qui travaillent avec les migrants, les réfugiés et les demandeurs d’asile, les familles et les centres qui les accueillent, les squats qui les hébergent, les écoles qui reçoivent des élèves primo-arrivants, etc.
Nos 85 étudiants se sont répartis en groupes de cinq ou six qui ont chacun, de février à avril 2016, travaillé sur un sujet qu’ils ont choisi et défini. Certains ont effectué des entretiens, individuels ou collectifs, d’autres des sondages, d’autres encore ont fait de l’observation au cours de journées de volontariat ou de stage. Tous ont en commun d’avoir mis en avant certains aspects méconnus de cette crise, qui a commencé, comme ils le montrent, bien avant l’été 2015.
Ce site a pour objectif de présenter les résultats de leurs enquêtes. Trois groupes se sont penchés sur les citoyens qui ont tenté de s’engager auprès des réfugiés : en travaillant comme bénévoles dans une association, en accueillant un réfugié à leur domicile, ou en participant à des tandems organisés par l’association Sois mon ami. Deux groupes ont étudié les perceptions de cette crise et des événements récents, soit en parlant avec des personnes issues de vagues d’immigration précédentes, soit en comparant les opinions des Belges flamands et francophones. Une série de groupes se sont concentrés sur le travail d’associations dans différents contextes : celles qui gèrent l’aide au retour volontaire des migrants, le processus d’intégration ou encore l’accès à l’emploi, mais également celles qui les accueillent, de façon institutionnelle comme la Croix-Rouge ou de façon ad hoc, dans le camp de Grande-Synthe en France. Enfin, trois groupes ont travaillé sur l’institution spécifique qu’est l’école et ont étudié comment les enseignants concevaient et pratiquaient l’accueil des enfants primo-arrivants en DASPA en comparant deux écoles, l’une DASPA, l’autre pas, une série d’écoles ou encore le réseau officiel et le réseau libre confessionnel. D’autres groupes, finalement, ont voulu parler aux migrants eux-mêmes, ceux qui ont aidé les nouveaux arrivés au Parc Maximilien et ceux qui se sont vu refuser un permis de séjour.
D’autres sujets auraient pu être abordés, mais les sujets présentés ici sont ceux que les étudiants ont voulu traiter, reflétant leur intérêt. Chaque groupe a rédigé une page collective, présentant son sujet et son enquête. Chaque étudiant s’est ensuite chargé d’écrire un billet ou plusieurs billets reprenant un fait, une pensée ou un événement marquant de son investigation. Ces billets individuels révèlent leurs questionnements, leurs critiques envers le système, leurs prises de conscience, leurs opinions parfois tranchées, et aussi leur admiration pour l’engagement de citoyens courageux. Nous vous invitons à les lire et à participer à cette réflexion, afin de découvrir avec eux ce qu’est, au juste, cette « crise migratoire ».
Oriane Calligaro et Julien Danero Iglesias
Titulaires en 2016 du cours POLID438 Méthodes d’Enquête de Terrain du Département de Science politique de l’Université libre de Bruxelles