Le DASPA à Bruxelles – L’intégration des enfants migrants dans le système scolaire

Devant la crise migratoire actuelle, nous nous sommes interrogés sur l’organisation de l’accueil des migrants à leur arrivée en Belgique. Plus spécifiquement: comment s’organise l’accueil des migrants mineurs dans l’enseignement francophone à travers le DASPA (Dispositif d’Accueil et de Scolarisation des Primo-Arrivants).
Nous avons focalisé notre attention sur la Région de Bruxelles-Capitale.

Afin de comprendre au mieux le fonctionnement du DASPA, nous sommes allés à la rencontre du personnel enseignant de différentes écoles proposant une section primo-arrivants à Bruxelles. Au travers de plusieurs entretiens, nous avons rencontré des professeurs de français langue étrangère (FLE), des coordinateurs DASPA et des directeurs d’écoles. Ces discussions nous ont permis de mieux cerner l’organisation et le fonctionnement du DASPA, ainsi que les difficultés rencontrées tant par les élèves que le personnel.

De manière générale, nous avons constaté un dévouement important de la part du personnel. En effet, leur travail s’arrête rarement au fait de donner cours à la classe et les enseignants comme les coordinateurs du dispositif sortent souvent de leur cadre, sans compter leurs heures, pour aider les élèves, y compris en dehors de l’école. Ces derniers ont parfois eu un parcours difficile, en particulier les enfants ayant fui la guerre en Syrie. Certains ont été déscolarisés pendant longtemps, sont arrivés sans leurs parents (MNE : mineurs non-accompagnés), voire ont subi des traumatismes. Le travail social représente donc aussi une part importante du travail des enseignants et de leur engagement.

Malgré un niveau de français initial faible chez beaucoup d’élèves, les professeurs que nous avons rencontré nourrissent de grandes aspirations pour eux. D’après Marie-Ange, professeur de FLE et coordinatrice DASPA à l’Institut Cardinal Mercier: « L’équipe pédagogique fait tout pour qu’ils soient le mieux armés possible pour pouvoir, par après, continuer des études en Belgique […], pour qu’ils puissent aller à l’université ou faire des études supérieures s’ils en ont envie. On ne se limite pas du tout à l’apprentissage du français dans la vie quotidienne« . Une approche qui tranche avec l’image de « voie de garage » souvent associée à ces classes passerelles.

Autre constat: les situations divergent d’une école à l’autre. S’il existe des conditions communes imposées à tous les établissements, le DASPA leur laisse néanmoins une marge de manœuvre assez large. Cela permet à chaque école d’organiser l’accueil de façon adaptée à leurs élèves, en fonction de leurs besoins spécifiques. Certaines écoles proposent des heures de coaching après la fin des cours pour les élèves en section « FLE » tandis que celles qui accueillent un plus petit nombre d’élèves primo-arrivants ont tendance à les intégrer immédiatement dans les classes « classiques ». D’autres écoles divisent le DASPA en plusieurs niveaux (débutants – moyens – avancés) afin de mieux adapter leurs leçons.

La situation varie d’une école à l’autre, mais aussi d’un élève à l’autre. Comme nous confie une professeur de FLE aux Jardins d’Elise: « C’est un travail très créatif. Il faut tout le temps d’adapter à chaque enfant, à chaque situation. Il faut pouvoir s’adapter aussi aux différentes classes, à la matière que nous enseignons, c’est très enrichissant. Cela demande beaucoup d’énergie mais on reçoit beaucoup en retour de la part des enfants« .

Dès lors, l’élément central dans l’accueil de ces enfants immigrés repose avant tout sur le travail du personnel enseignant et les initiatives individuelles.

Mathieu Boudart, Michaël Boumal, Grégoire Dromelet, Pierre Reisenfeld, Julie Van Ham, Hadrien Velazquez