Partir ou rester : la trajectoire des migrants que la Belgique a refusés

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« Migrants », « Réfugiés », « Crise migratoire », le poids de ces mots pèsent sur une phrase autant que l’afflux massif des migrants sur l’Europe. Leurs périples vers notre continent s’apparentent à un véritable chemin de croix qui peut se terminer par un statut de réfugié accordé avec la perspective d’un nouveau départ. Mais qu’en est-il de ces personnes qui voient leurs futurs s’assombrir un peu plus par un refus du statut de réfugié ou d’une protection subsidiaire ?

Notre groupe a décidé de se focaliser sur la trajectoire des migrants qui se sont vus refuser le statut de réfugié en Belgique. Notre intérêt pour cet aspect de la crise migratoire s’explique par la faible médiatisation de la condition de ces migrants : nous voulions non pas analyser les aspects institutionnels de la crise mais révéler la face cachée et méconnue de ce phénomène. L’objectif de cette étude est de révéler les difficultés auxquelles les migrants doivent faire face et de se rendre compte des choix auxquels ils sont confrontés lorsqu’ils reçoivent un refus. Pour répondre à la question et couvrir la complexité du sujet, deux méthodes d’enquête nous semblaient être les plus appropriées : l’observation participante pour nous familiariser, nous adapter et nous intégrer dans ce nouvel environnement tandis que les entretiens individuels viennent compléter notre enquête. En effet, ces entretiens ont mis en lumière les différentes trajectoires personnelles ainsi que les obstacles sans cesse rencontrés par ces personnes en quête d’un avenir meilleur.

Afin d’étudier les solutions apportées à la crise migratoire tant du point de vue public que privé, l’idée était de trouver un centre géré par l’État et un autre issu d’une initiative non gouvernementale et d’en faire nos terrains de recherche. Durant la phase de recherche préliminaire, nous avons été orientés vers la Maison des Migrants. Ce centre d’accueil pour sans papiers, géré exclusivement par des migrants et pour les migrants, nous a semblé être le terrain privé le plus adapté à la réalisation de notre enquête. Ouverte depuis décembre 2015, cette maison est un « nouvel espace de solidarité et de rencontres, géré par des personnes avec et sans papiers et dédiée à la question migratoire. Une partie du bâtiment est affectée au logement des personnes impliquées dans le projet, à l’accueil provisoire des demandeurs d’asile et des familles sans papiers en difficultés. L’autre partie est consacrée aux activités visant à sensibiliser la société civile et à informer, soutenir, et accompagner les migrants »[1]. Ce centre, apolitique, ne possède pas la capacité d’intervenir dans le processus de régularisation de ces résidents mais tente de leur apporter une aide temporaire.
Parallèlement, nous avons intégré le centre d’accueil de Woluwé-Saint-Pierre, géré par Fédasil, instance d’utilité publique. Ce centre, majoritairement composé de mineurs, subvient aux besoins primaires des jeunes et leur fournit également une aide psychologique, sociale, médicale et juridique. L’intégration des deux centres nous expose à la complexité des enjeux pesant sur la trajectoire des migrants.

Cette enquête jette un coup de projecteurs sur les zones d’ombre négligées par l’ensemble des médias et aspire à informer son lecteur sur une partie des réseaux qu’utilisent les migrants dont la demande de régularisation a été refusée. Qui sont ces migrants ? Envisagent-ils de rester ? Quel sort leur réserve le système belge ?

[1] Phrase venant de la charte de « La Maison des Migrants »

CHEVALLIER RUFIGNY Paul, CLER Yoann, PAYET Jérémy, POLIART Marine, SKAIKI Samar, SULMON Thomas