Différences de perception de la crise entre Flamands et Francophones

Les différences politiques en Flandre et en Wallonie sont évidentes mais singulières. Il semble que ces différences influencent la perception de l’arrivée des migrants entre les deux Communautés flamande et française. Ainsi, il s’agit de s’interroger : comment expliquer les différentes perceptions des deux Communautés à l’égard des migrants ?

Pour répondre à cette question, notre groupe de travail a établi plusieurs hypothèses. Il a d’abord été possible de penser, suivant la littérature scientifique, que la Flandre, contrairement à la Wallonie, est marquée par un certain ethnocentrisme engendrant une perception négative des migrants, qui représenteraient une menace économique, culturelle et politique.[1] En outre, il semble que la perception des individus flamands ou wallons vis-à-vis des migrants fluctue en fonction des possibles interactions qu’ils auraient pu avoir avec ces derniers. Les Flamands vivraient plus souvent dans des quartiers marqués par un faible pourcentage de personnes issues d’une autre communauté tandis que les Wallons seraient peut-être plus régulièrement confrontés à un mélange des populations.[2] Pour vérifier ces présupposés, le groupe a choisi audacieusement de réaliser des entretiens collectifs. Le plateau de jeu présenté explique de façon ludique la démarche intellectuelle, scientifique et pratique effectuée pour comprendre au mieux les tenants et aboutissants de notre raisonnement.

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Le but de la première étape, la réflexion, a été de construire des groupes caractérisés par une certaine hétérogénéité sociale : il s’agissait de provoquer des « rapports de force », qui ont été plus ou moins marqués durant les entretiens. Il semblait ainsi nécessaire de réunir des individus de catégories socio-professionnelles diverses afin de tenter d’englober la majorité du ressenti des populations analysées. L’idée était de choisir des individus « cohérents » du point de vue du rapport entre leur position professionnelle et leur niveau de diplôme afin d’éviter de recueillir l’avis d’un enquêté trop atypique pouvant brouiller les résultats de la recherche.

Le contact des participants a été l’étape la plus difficile à réaliser : nous avons affiché des annonces dans Bruxelles afin de toucher un large éventail de profils, sans grand succès. Chacun des membres du groupe a du faire appel à des connaissances éloignées pour créer les trois groupes d’eeentretiens collectifs. Après deux semaines d’efforts intensifs, nous y sommes parvenus !

Durant le mois de mars, nous avons enfin réuni nos seize participants en entretiens collectifs afin de discuter de la crise migratoire en trois groupes : le premier en français, le deuxième en néerlandais et le dernier en anglais. L’expérience a été enrichissante pour nous ainsi que pour les interviewés. Nous avons remarqué que les profils pouvaient être catégorisés et que certaines personnalités dominaient l’ensemble de la conversation. La retranscription a été longue et fastidieuse. L’analyse, l’avant-dernière étape, nous a permis de répondre à notre problématique grâce à la comparaison des différents groupes.

L’ensemble du groupe s’est investi tout au long de la recherche et espère avoir des résultats intéressants et utilisables. Nous espérons vous donner l’envie d’en savoir plus !

Georges Catsaris, Pauline Duchêne, Marion Kammler, Claudia Mbonimpa, Charlotte Strick et Melanie Weskamp. 


[1] Billiet, J. & Meuleman, B. (2005) Etnocentrisme in Vlaanderen: opmars of afname? De evolutie van de perceptie van etnische dreiging tussen 1991 en 2004 en de relatie met institutioneel vertrouwen. Ministerie van de Vlaamse Gemeenschap. Ed. 4 pp. 37-60.

[2] Meuleman, B. & J. Billiet (2003), De houding van Vlamingen tegenover ‘oude’ en ‘nieu- we’ migranten: diffuus of specifiek?, pp. 137-176 in APS, Vlaanderen gepeild! Brussel: Ministerie van de Vlaamse Gemeenschap.