Interpellés par ce slogan, nous avons décidé de nous pencher sur le rôle des sans-papiers à l’égard des réfugiés dans un contexte d’afflux migratoire. La prise de connaissance de sans-papiers présents en tant que bénévoles pour aider les réfugiés au sein du Parc Maximilien a attisé notre curiosité et focalisé notre recherche sur les interactions entre ces deux groupes d’individus. A cette fin, nous avons effectué plusieurs entretiens exploratoires qui ont rapidement mis en lumière les connaissances qu’ont les sans-papiers des problèmes auxquels font face les réfugiés notamment leur état d’esprit, les démarches qu’ils vont devoir entreprendre et les obstacles qui les attendent. Il nous est dès lors apparu indispensable de prendre en compte les témoignages de l’ensemble des protagonistes, avides de partager leur expérience unique au sein du parc. Par conséquent, il nous a semblé impératif d’élargir notre thématique à la collaboration entre l’ensemble des acteurs du parc. Dès lors, nous avons reformulé notre question centrale en ces mots : « Dans quelle mesure les associations des sans-papiers et les associations et acteurs qui étaient présents au parc Maximilien ont-ils collaboré afin d’aider les réfugiés. »
Par la suite nous avons été amené à identifier les différents acteurs avec lesquels nous allions essayer de prendre contact. Nous pouvons classifier ces acteurs en tant qu’initiatives citoyennes, ONGs et collectifs de sans-papiers. Le collectif qui, dans un premier temps nous a intéressé, est une association de sans-papiers s’intitulant le Collectactif. Celui-ci lutte contre le gaspillage alimentaire au profit des personnes précarisées et a été une pierre angulaire dans la responsabilisation des réfugiés grâce à la création de la cuisine dans le parc. La plateforme citoyenne, autre pièce maitresse dans la gestion du parc, a été un acteur important en tant qu’interlocuteur principal pour mener les négociations politiques notamment celles en relation avec la fermeture du parc. Mis à part ces deux acteurs essentiels, nous avons cherché à avoir différents points de vue concernant la collaboration au sein du parc dans un souci d’objectivité. Nos autres interlocuteurs ont été des bénévoles présents dans le parc, représentant la JOC, le Ciré, Amitiés sans frontière pour ne citer qu’eux. Nos entretiens nous ont également permis d’accumuler des informations sur les ONGs, plus difficiles d’accès, comme le Samu Social, Médecins du Monde et Médecins Sans Frontières. Préciser notre questionnement aux limites spatio-temporelle du parc, nous a permis de privilégier un nombre d’entretiens plus restreints mais par conséquent plus approfondis. Des entretiens semi-directifs nous ont semblé opportuns afin de percevoir tant la dimension psychologique que pratique dont peut relever la collaboration des différents acteurs.
Il est important de souligner la diversité des profils qui on œuvré à la résolution d’une urgence humanitaire. Cette solidarité a été mentionnée par les protagonistes comme étant une expérience intense. Bien que les relations étaient de nature parfois chaotique, celles-ci étaient pourtant empreintes d’une belle énergie découlant de l’émoi provoqué par l’afflux de réfugiés aux abords de l’Office des Etrangers. La pluralité des apports bénévoles, la charge de travail et les motivations parfois totalement divergentes ainsi que le froid et le manque de sommeil ont été autant de facteurs qui ont précipité la fin du parc au-delà des pressions politiques.
Ce travail nous a mené à une conclusion importante, déduite des entretiens réalisés avec les divers collaborateurs des associations. Cette conclusion semble mettre en lumière le caractère parfois peu efficace de la coordination entre les différentes associations ainsi que le manque d’un réel objectif commun et finalement l’absence de toute ligne de conduite commune. L’absence de coordination et de hiérarchie pour régir une multiplicité d’acteurs a amené à ce qui semble une sorte d’anarchie et souvent une impossibilité de prise de décision se soldant trop souvent par un immobilisme négatif. Tous ceci met en lumière que toutes les meilleurs volontés du monde, même si elles ont permis un rassemblement inédit de la société autour d’une cause parce qu’elles n’étaient pas structurées et coordonnées vers un objectif politique commun et connu de tous, n’ont pas pu s’inscrire sur le long terme.
Bermann Samuel, Gatti Mila, Mwe-Di-Malila Inès, Pagani Alberto, Siddu Silvia, Szymanski Mateusz.