Un besoin de coordination

  S’intéresser au parcours d’intégration a fait évoluer la signification que je donnais au sens du mot intégration. Il signifiait incorporer quelque chose à un ensemble, assimiler un élément à l’intérieur d’un ensemble. On a beaucoup employé ce mot ces derniers mois, parlant d’échec du processus d’intégration à l’œuvre dans nos sociétés pour expliquer le cas de jeunes radicalisés. Suite aux entretiens avec divers acteurs de l’intégration, une autre définition s’est esquissée. L’intégration pour laquelle ces asbl œuvrent a pour objectif l’égalité des droits entre migrants et nationaux et l’émancipation de ces migrants L’intégration se définit comme donner aux immigrants des outils nécessaires (la connaissance de la langue, du droit belge,…) qui vont leur permettre d’avoir accès aux institutions de l’Etat, aux biens public sur un pieds d’égalité avec les nationaux. C’est permettre leur indépendance, leur fournir les compétences nécessaires pour s’émanciper dans la société d’accueil.

   Le parcours d’intégration est donc composée de quatre volets, outre un bilan individuel, on y retrouve des cours de langue française, des ateliers citoyens et un service d’insertion socio-professionnelle. À Bruxelles, le secteur associatif est actif dans le domaine de l’intégration depuis de nombreuses années. Avant l’ouverture des BAPA (bureaux d’accueil pour les primo-arrivants), des associations et initiatives émanant des communes proposaient déjà des cours de français, des cours d’alphabétisation et des cours d’initiation à la vie citoyenne ou au droit belge. Des services d’équivalence de diplôme et d’aide à l’emploi précèdent également la création des BAPA. L’offre était donc déjà existante, dès lor: qu’est-ce que ce parcours officiel apporte? Bien entendu, un parcours officiel offre des services et formations standardisés. Un changement important aussi est la reconnaissance des cours suivis par la délivrance d’une attestation, qui sera prise en compte lors d’une procédure de naturalisation. Car auparavant, seul le BON délivrait des attestation officielle. En plus de ces BAPA, la COCOF a agréé et subsidie six opérateurs officiels qui dispenseront des ateliers citoyens pouvant donner lieu à une attestation officielle.

Avec l’ouverture d’un parcours officiel, on peut se demander comment va se réagencer le paysage bruxellois de l’intégration. Et si les mots restructuration et coordination sont récurrents dans les propos de certains collaborateurs ou assistants sociaux, ils ne sont pas encore d’application. L’importance d’une coordination, au moins entre les six opérateurs officiels, est reconnue mais difficile à mettre en œuvre. Le problème est que tout pousse en même temps. Les communes redirigent déjà des demandeurs d’une procédure de naturalisation vers ces cours de citoyenneté pour obtenir une attestation, quand les asbl ne sont pas encore prêtes à les accueillir. Une coordination est d’autant plus importante qu’elle permettra de répondre à la diversité du secteur. Car le public en quête d’intégration est loin d’être homogène. Ainsi, les BAPA s’intéressent exclusivement à un public de primo-arrivants donc à ceux en possession d’un titre de séjour légal de plus de trois mois mais présents sur le territoire belge depuis moins de trois ans. Des associations comme Objectif asbl ou Solidarité Savoir considèrent que ce n’est pas parce qu’on réside depuis plus de trois ans sur le territoire qu’on est intégré à la société d’accueil. Ils s’adressent donc à un public beaucoup plus large. Une coordination au sujet des langues dans laquelle sont dispensés les cours d’initiation à la citoyenneté peut être bénéfique pour s’assurer que chacun dispose d’une opportunité de s’intégrer. Cette volonté de coordination pour présenter une offre cohérente aux personnes souhaitant s’intégrer, je l’ai observée et j’espère bien qu’elle aboutira.

 Yasmine Dauffenbach

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