Réfugié ou « Buddy » ?

Quand on veut participer à un programme associé aux réfugiés, on pense souvent qu’afin de leur permettre de s’intégrer, il faut plutôt s’occuper de l’aspect administratif, de la langue et en général de l’aspect pratique sans penser qu’une vraie intégration nécessite de voir ces réfugiés comme des égaux et non pas seulement comme des personnes qui ont besoin d’aide.

C’est un peu ce que le programme «Be my Buddy» essaye de faire : son but est de créer un rapport qui soit «horizontal», un rapport d’amitié entre un réfugié et un local. Pourquoi ? Parce qu’« aider quelqu’un» ne signifie pas forcément sacrifier son temps en faveur d’une personne défavorisée. Souvent, ce dont les réfugiés ont besoin est de se sentir acceptés, de trouver des nouveaux amis et peut-être d’apprendre de nouvelles choses. C’est exactement ce que j’ai pu constater avec le tandem entre Hussein et Dimitri : une paire d’artistes qui était immédiatement à l’aise, malgré la gêne initiale donnée par l’inconnu. Car c’est cela qui empêche la plupart des gens de s’investir dans un tel programme : se demander comment l’autre personne sera, si vous avez des sujets en commun pour discuter, si la culture de l’autre sera une barrière entre vous… Mais ce sont les plus courageux qui font le premier pas. S’ils ne regrettent pas, c’est parce qu’ils ont pu vivre une expérience de vie unique. Bien qu’ils ne se voient pas souvent, Dimitri et Hussein ont instauré une vraie relation d’amitié, où personne ne se sent obligé d’aider l’autre ou de sacrifier son temps pour passer du temps ensemble : ce qui est le but du programme « Be my Buddy».

Ce qui m’a surprise au fur à mesure qu’on interviewait les « locaux » est de voir comment leur vision des réfugiés a évolué : bien qu’ils n’aient pas de préjugés, ils ont réalisé que, souvent, ils s’attendaient à rencontrer ce que les médias servent comme l’image du réfugié : un « barbu désespéré » ayant besoin d’aide pour survivre. Ce ne fut pas le cas des tandem organisés par le programme «Be my Buddy». Les locaux, bien qu’ils voulaient les aider, se sont vite rendus compte que ces réfugiés étaient comme eux, et une fois les premiers moments passés ensemble, ils ont commencé à voir l’autre non pas comme un « réfugié» mais comme un « buddy » .

Cela dit, le fait que les participants en tandem soient des personnes déjà parfaitement intégrées, nous amène aussi à réfléchir sur la raison pour laquelle les réfugiés qui ne sont pas encore bien intégrés ne participent pas à ce genre d’initiative. On se demande si c’est parce qu’ils sont dans une situation de déséquilibre dans l’attente de leurs papiers ou parce que il n’y a pas encore assez de publicité pour le programme, ou si c’est dû au fait que certains, ne parlant pas anglais, ne seraient pas à l’aise quant à la difficulté de communication.

 

Sara Patrone

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