Vendredi, huit heures du matin,devant mon miroir. Comment m’habiller pour aller dans un squat ? Comment m’habiller pour aller passer ma première journée d’observation dans le centre de sans-papier Place Stéphanie ? Il faudra qu’ils aient confiance en moi, qu’ils veulent m’intégrer et me faire découvrir leur monde. J’opte donc pour un jeans et des baskets… Relax.
Assise dans le tram, je commence à m’interroger sur ce que je vais trouver là-bas. Je m’imagine un endroit sale et sombre, peuplé d’hommes transpirant l’alcool et l’ennui… Voilà la triste image que m’inspirait un squat avant de mener cette enquête.
Arrivée place Stéphanie, je ne peux m’empêcher de relever le paradoxe … Un squat qui côtoie le grand luxe des magasins de l’Avenue Louise. On frôle l’ironie. Et puis le voilà, le moment où tous mes préjugés s’effondrent. J’entre dans « La Maison des Migrants », et contrairement à tout ce que je pouvais m’imaginer, je suis accueillie par des gens charmants et souriants dans un endroit propre et entretenu. Après m’être présentée et avoir expliqué le but de ma visite, on m’a assigné Saad, un jeune marocain sans-papier, comme guide pour toute la journée.
Au fil de la visite du centre et de ses habitants, chacu des préjugés que j’avais pu avoir, construit par les médias et par l’imaginaire social « bien pensant » de notre société, furent détruit un par un. Les migrants sans-papier que j’ai eu l’honneur de rencontrer sont des personnes sympathiques et dynamiques, ouvertes à la culture européenne, rêvant de plus d’intégration et d’autonomie dans notre pays. Ils ne sont pas ici comme des parasites voulant profiter du système comme on l’entend si souvent. Mais comme des hommes et des femmes,en quête d’un monde meilleur et prêt à tout pour l’obtenir, même si pour cela, il faut passer des mois voire des années dans une situation précaire et injuste.
Marine Poliart