C’est après plusieurs péripéties que notre choix s’est finalement arrêté sur les DASPA. Ces classes qu’on appelaient autre fois classes passerelles ou encore dispositif d’accrochage. Une discussion avec le professeur en charge du cours et voilà que l’aventure commence… Maintenant que tout est presque fini c’est bien par le mot « aventure » que je qualifierai mon parcours. En effet, c’est vers l’inconnu que nous nous sommes dirigés, c’est le stress qui nous a submergés mais c’est finalement un chemin semé d’embûche qui raconte une belle histoire que j’ai aujourd’hui à raconter…
Ne sachant pas par où commencer ni même qui contacter c’est vers internet, notre plus fidèle allié, que nous avons décidé de nous tourner. Et me voilà avec une liste de six écoles à contacter. Le stress commence à monter à l’idée de devoir les appeler et les convaincre de m’accorder 1h de leur temps. Prenant mon courage à deux mains, je me lance et prépare un beau petit discours à donner afin de convaincre du mieux que je peux. Cependant, malgré tous mes efforts la recherche semble très peu fructueuse. Mais je ne baisse pas les bras, et enfin, à l’autre bout du fil, une réponse positive se fait entendre. Rendez-vous fixé pour le jeudi 17 mars ! Me voila un peu soulagée…
Arrivant sur les lieux, non sans un peu de stress et d’appréhension, la secrétaire me demande d’attendre que Madame S., professeure dans une classe DASPA, vienne me chercher. Le couloir est immense, orné de cartables et d’affaires d’enfants, tandis que de la cours de récréation se font entendre un grand bruit et des cris enjoués. Dans le couloir jouent deux petites filles d’origines étrangères qui parlent entre elles une langue qui n’est pas le français. C’est à ce moment là qu’une pensée me vient à l’esprit… à cet instant précis, ce ne sont que des enfants, qui jouent innocemment et qui ont l’air si heureux. Cependant, ce sont souvent eux les principales victimes des guerres et des mouvements de population. Ils arrivent en Belgique sans aucune connaissance de ce qui les attend et ne parlant même pas la langue du pays. Je me suis alors dit qu’elles avaient bien du courage pour leur âge et que c’était en fait dans leur monde que j’allais entrer aujourd’hui, que c’était un bout de leur histoire que j’allais apprendre et qu’elles allaient partager avec moi dans quelques minutes. La cloche retentit alors sonnant le fin de la récréation et me sortant de mes pensées…
C’est alors que Madame S. se dirige vers moi avec un grand sourire et me demande de la suivre. Nous échangeons quelques mots sur le chemin de la classe et elle me dit que les enfants ont hâte de me voir et de partager l’après-midi avec moi. Je me sens alors toute excitée et pressée de les rencontrer et de voir comment se déroule leur journée. On rentre dans la classe et Madame S. se met à bouger les bancs car, aujourd’hui dans le programmen c’est video et théâtre ! A peine fini, j’entend les enfants qui arrivent, ils rentrent dans la classe et ma première impression est qu’ils sont super gais et actifs mais aussi qu’ils sont tous très différents tant pour leurs âges que leurs origines. Ceux qui me remarquent en premier accourent vers moi pour me serrer la main et me dire bonjour, c’est là que j’entends les premières hésitations de français, mais je remarque tout de suite que les enfants sont à l’aise et essaient de se faire comprendre du mieux qu’ils le peuvent. On se rend alors compte qu’on est bien dans une classe DASPA.
Le cour commence et ce qui m’a le plus frappé, c’est que ce sont des enfants qui semblent super actifs et très soudés. En effet, ils semblent bouger bien plus que dans une classe dite « traditionnelle » et paraissent s’entraider beaucoup les uns les autres. Ils ont une envie folle d’apprendre et de participer! Les enfants répètent assidûment les paroles prononcées par leur professeur pour améliorer leur prononciation.
Pendant un exercice écrit, l’institutrice en profite pour venir auprès de moi afin de me raconter l’histoire de quelques élèves tout en me les montrant…
Tout d’abord, l’enfant blonde au premier rang n’est là que depuis 3 mois. Elle ne parlait pas un mots de français mais elle n’hésite pas à participer et elle commence même à lire. Ou encore le petit Syrien sur ma droite qui a un niveau incroyable en maths mais qui a beaucoup de difficulté en français. Il est lui aussi très actif et n’hésite pas à donner son opinion. Et enfin, la petite Congolaise qui n’a jamais été à l’école et qui a une vie très difficile à la maison. C’est elle qui est la plus active et le boute-en-train de la classe, toujours prête à faire le clown et à raconter des blagues pour faire rire ses camardes. Elle aussi, elle commence à lire et écrire sans l’aide de personne…
C’est alors que j’ai vu dans leurs regards des histoires et parcours très différents pas toujours faciles pour certains et qui le sont toujours pour d’autres. On peut lire dans leurs yeux d’enfants l’innocence et l’envie d’apprendre, de s‘améliorer, l’envie de se dépasser car malgré tout ils savent que leur classe est « différente des autres ». Surtout on peut y lire l’espoir qu’un jour, ce beau pays qui est le nôtre leur ouvrira les portes d’un avenir meilleur dans lequel ils pourront s’épanouir.
Ilham Al Majdoub