C’est dans une classe minuscule, qui accueillait auparavant le local de la logopède, qu’a commencé ma journée d’observation à l’école fondamentale Bruxelles II de Laeken. Notre terrain d’étude, c’est l’intégration des enfants primo-arrivants dans les écoles francophones à Bruxelles. J’ai pu donc me rendre en visite dans une classe DASPA, formée dans sa totalitè par des élèves primo-arrivants. Dans cette petite classe, Kawthar, l’enseignante qui me met tout de suite à l’aise, et six élèves tous bien différents. Au total, il y a huit enfants dans la classe, entre 6 et 8 ans, mais, ce jour-là, deux sont absents.
Amina commence la séance en écrivant la date. Tous les jours, c’est la charge d’un élève à tour de rôle. Le 12 avril 2016. A cet instant-là, Kawthar m’explique que quelques enfants sont arrivés au début de l’année, des autres au mois de novembre, des autres peuvent encore arriver, mais il n’y a plus de place dans la petite classe. Ils viennent de Syrie, d’Afghanistan, d’Ethiopie, d’Irak, ils forment un échantillon bien représentatif d’une école où les enfants d’origine belge, sont 10 au maximum. La leçon de Madame Kawthar a commencé. Les enfants lisent sans faire de pause une fiche avec les images d’objets de la chambre, ou chaque objet, est lié à son correspondant écrit en toutes lettres. Selon l’enseignante, deux enfants de sa classe passeront dans la classe « normale » l’année prochaine; ils quitteront donc leur classe DASPA. Parmi ces élèves il y en a qui n’ont jamais été scolarisés avant, qui sont nés au milieu d’une guerre et n’avaient jamais tenu un stylo dans leurs mains. Alors, Kawthar fait des petits jeux pour les aider à mieux retenir ce qu’ils apprenent, pour retenir des nouveaux objets. Abdoullay, assis à coté de moi, est souvent distrait, je ne sais pas si c’est à cause de ma présence ou s’il a juste la tête dans les nuages. Je me sens un peu coupable.
Ce qui m’a frappé ce jour-là, c’est d’entendre que les enseignants n’ont aucun programme à suivre, aucune directive de la part de la Communautée française. C’est à eux donc d’inventer le programme. Kawthar m’explique que c’est la première année qu’elle est chargée d’une classe DASPA, et elle l’a demandé, mais pour cela, elle a suivi les méthodes, les conseils des anciens, qui s’occupent de l’enseignement des primo-arrivants depuis des années.
Je me demande donc pourquoi il n’y a pas un programme spécifique? Est-ce que ce sont des élèves de seconde classe? La Communauté française n’est-elle pas préparée à faire face à une telle situation? Mon sentiment est alors que, comme cela semble arriver souvent, les personnes qui sont proches de la problématique et qui la vivent au quotidien, la prennent plus à coeur et donnent le meilleur pour faire réussir tous, sans distinction, même s’ils sont abandonnés par les institutions.
Simeoni Silvia