Dans l’exécution d’un focus groupe, nous devons faire face à plus de cinq participants. Il n’est donc pas facile pour le modérateur d’estimer les participants et il est important de reconnaître les différents types de personnes, pour réagir de manière appropriée pour que le cours de la conversation ne soit pas en danger. Il est possible de distinguer cinq différentes catégories : les experts, les calmes et timides, les perturbateurs, ceux qui s’éloignent du sujet et les inattentifs[1].
Il est possible de classer la première participante, Nele[2], dans la catégorie des experts mais elle pouvait aussi s’éloigner du sujet. Au contraire des experts qui ont beaucoup d’expérience dans le domaine de recherche, on peut décrire Nele plutôt comme une experte qui semble connaître le sujet. Ceci n’est pas perçu comme tel par les autre participants. Kevin était un participant calme mais pas timide. Il réfléchissait et écoutait avant de formuler une opinion. Thomas et Paulo étaient enthousiastes mais ils s’éloignaient du sujet. Les opinions de Paulo étaient à l’opposé de celles de Thomas. Dans la catégorie des inattentifs, on peut placer Michel. Il avait des difficultés à suivre la conversation et répondait parfois hors sujet à cause d’un manque de connaissance. Il n’a pas participé pendant les 30 dernières minutes du focus groupe. Le dernier participant, Willem, est plutôt une combinaison de plusieurs catégories. Il réfléchissait et écoutait avant de formuler une réponse, mais s’éloignait aussi du sujet.
En tant que modératrice, je n’ai pas vraiment modéré les participants. J’ai constaté ceci après la retranscription. Je ne voulais surtout pas les déranger pendant leurs exposés. Je pensais perdre de l’information en le faisant. Mais après coup, j’ai l’impression que j’aurais dû le faire afin d’obtenir plus d’informations concrètes et liées aux questions. Dans le cas de Kevin et Michel, j’aurais dû leur donner plus la parole et les inviter à partager leur point de vue. Pour les autres participants, il aurait été peut-être plus intéressant de leur couper la parole quand ils parlaient trop et hors sujet. Ce que je ferais autrement, ce serait donc de surveiller si les réponses sont liées aux questions, afin de créer une valeur pour la recherche. Je prendrais aussi un rôle de modératrice plus actif et n’endosserait pas uniquement le rôle d’une interlocutrice, sans déranger l’atmosphère du groupe ou me mêler à la conversation. Le rôle de modérateur est un exercice difficile, mais il est extrêmement important pour le déroulement de la recherche et pour stimuler différents types de réponses sans toutefois influencer l’avis des participants.
Charlotte Strick
[1] Mortelmans, D. (2013) Handboek kwalitatieve onderzoeksmethoden. Leuven: Acco
[2] Les noms ont été modifies par soucis d’anonymat