Le déracinement de l’enfant réfugié

Lors des différents entretiens que mon collègue, Grégoire DROMELET, et moi- même avons pu réaliser, le mot m’ayant le plus marqué est : déracinement.

Extrait d’entretien :

« Q : D’une manière un peu plus large, quelles sont les difficultés que rencontrent les enfants primo-arrivants lorsqu’ils arrivent dans le cadre scolaire ?

D : D’abord, je dirais que la première chose c’est le DÉRACINEMENT.  Surtout pour ceux qui arrivent maintenant : les syriens, les égyptiens, (…  ) Ces enfants là, ce sont des primo-arrivants qui ont un vécu, et donc, ce déracinement, ce qu’ils ont vécu par exemple à ALEP (Syrie) c’est très très difficile. On a tout de même des enfants qui sont bloqués, qui ont d’autres difficultés que la langue. »

Actuellement et bien souvent, ces enfants viennent de zones « en guerre », ils quittent leur pays, leur ville, leur maison, leurs amis et même parfois leur famille pour un endroit qu’ils ne connaissent pas. Certains de ces enfants ont laissé papa et/ou maman là-bas, ils arrivent en Belgique, et ensuite vont à l’école où ils sont placés dans une classe sans forcement comprendre ce qu’ils font là.

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Photo prise le 21/03/2016 : Affiche sur la porte d’entrée de la Classe DASPA

Lorsque mon collège et moi avons abordé la question des matières enseignées en classe DASPA, certains professeurs/directeurs nous ont expliqué qu’avant toute chose, parfois avant même de commencer à apprendre quelques mots de français à ces enfants, il fallait leur expliquer ce que c’est l’école. Certains enfants n’ont jamais été scolarisé, ne comprennent pas pourquoi ils doivent aller à l’école, pourquoi ils doivent rester assis toute la journée derrière un banc, pourquoi ils doivent apprendre, …

De plus, bien souvent l’enfant déraciné, pour qui c’est une première, doit quitter l’endroit qui l’accueille, son (ses) parent(s) – frère(s)/ soeur(s), pour se rendre en classe. Une enseignante de classe DASPA en primaire nous a expliqué que parfois, au début, papa/ maman est autorisé à rester en classe avec l’enfant, ensuite l’enfant reste seul mais juste la matinée et par après il reste également l’après-midi. Tout cela pour permettre à l’enfant de  s’adapter dans ce nouveau milieu, lui montrer qu’il ne va rien lui arriver, lui donner confiance en lui montrant que papa/ maman est là et qu’il ne risque absolument rien. DONNER confiance à l’enfant, lui montrer qu’il ne risque rien dans ce nouvel environnement scolaire, lui permettre de s’enraciner à nouveau !

Mathieu BOUDART

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