*Les prénoms utilisés dans cet article sont fictifs afin de garantir l’anonymat des personnes*
Prendre la décision d’accueillir quelqu’un chez soi n’est pas facile, surtout lorsqu’on sait que la personne en question a fait face à des événements dramatiques.
Le thème de la sécurité ou de la dangerosité est toujours soulevé par l’entourage des personnes qui prennent la décision d’aider. Cependant, pourquoi devrait-on avoir peur de quelqu’un qui fuit une menace ? Ce sont les prioris des gens qui alimentent cette peur d’autrui. Pourtant une expérience vécue vaut plus qu’une opinion.
Dans le cadre de notre enquête, j’ai eu l’occasion de rencontrer Marianne, une jeune femme belge qui a accueilli chez elle un jeune soldat iranien qui venait d’arriver en Belgique.
En accueillant quelqu’un chez soi, dans ces circonstances, on ne pense pas vraiment aux potentiels risques. En effet, Marianne, ayant accueilli ce jeune homme, avoue qu’elle était fortement touchée par la crise, que la décision d’accueillir quelqu’un était une décision impulsive due au désir d’aider. Elle voulait faire quelque chose de concret, sans douter ni avoir peur. Elle a reçu chez elle un garçon qui lui a permis, comme elle dit, d’enrichir la vision qu’elle avait des migrants. Elle a pu voir la réalité d’une personne si jeune ayant été confrontée à la guerre. Malgré la barrière de la langue, ils sont arrivés à se comprendre et à partager des bons moments ensemble.
A la fin de son séjour d’accueil, ils ont gardé contact via les réseaux sociaux. Cependant, peu de temps après Marianne ne s’attendait pas à recevoir autant d’appels réguliers du garçon, ainsi que des visites imprévues dans son immeuble. Marianne ne se trouvait pas dans son immeuble au moment de ces visites et sut que le garçon avait sonné par le biais de ces voisins. Ces derniers événements ont éveillé chez Marianne un sentiment d’insécurité. Elle se trouvait face à un dilemme : lui rouvrir sa porte sachant qu’elle ne pouvait plus l’accueillir ou ne pas ouvrir. Plus tard, Marianne apprit que le garçon avait « décidé de partir du centre et de faire un peu à sa guise, » comme elle dit.
Même si l’expérience de Marianne n’a pas été celle qu’elle attendait, elle est prête à la réitérer. Dépourvue d’a priori, elle a fait une expérience qui lui a permis d’enrichir sa vision de la crise migratoire.
Alejandra Arteaga