Une photo d’un enfant mort sur une plage, le déclenchement symbolique de la crise migratoire. En naît une polémique médiatique, et le réfugié, quant à lui, devient un enjeu politique. Il existe de nombreux discours, tant négatifs que positifs, sur ce « problème européen récent ». Si tout le monde doit aujourd’hui avoir une opinion sur ce sujet délicat, les travailleurs des centres d’accueil de la Croix-Rouge accompagnent depuis plus de 25 ans les personnes demandeuses d’asile le temps de leur demande en vue d’obtention du statut de réfugié.
Les centres d’accueil, un passage obligatoire pour les personnes qui entrent sur le territoire belge et qui ont introduit une demande d’asile. Après être passée au dispatching à l’Office des étrangers (responsable de la répartition des personnes sur les différents centres), on désigne à la personne le centre d’accueil qu’elle va intégrer dans un premier moment.
Tout d’abord, travailler dans un centre d’accueil veut dire travailler dans le milieu de vie des personnes. Bien qu’il ne sont que de passage, l’aboutissement de la procédure est un moment-clé dans leur vie. Obtenir le statut de réfugié, la mobilisation principale des personnes, source de rêves, d’incertitudes et d’angoisses.
Parmi les principes fondamentaux de la Croix-Rouge et face à la situation actuelle, la neutralité et l’indépendance sont deux objectifs que très difficilement atteignables. Si la neutralité est cependant assurée à l’intérieur des centres et dans les relations interpersonnelles, assurer l’indépendance en tant que département subsidié entièrement, reste plus difficile. Pourtant si vous entrez, même pour la première fois, dans un centre de la Croix-Rouge, vous le ressentez tout de suite.
Dans un tel centre, on parle rencontre, équité, humanité, chaleur humaine, rayonnement. Les travailleurs des centres personnifient ce sujet d’actualité, et le demandeur d’asile redevient ce qu’il est en premier lieu, un être humain. Tous les acteurs de terrain qu’on a pu rencontrer et interroger nous ont transmis cette valeur, qui est l’humanité et qui permet de voir au-delà des problèmes d’actualité. Il est tout à fait possible de parler de la crise migratoire en termes économiques et sécuritaires, possible mais pas obligatoire. Bien que cette crise se déploie à un niveau global, il ne faut pas oublier qu’elle touche aussi des êtres humains individuellement.
Pouvant témoigner d’une expérience de stage en tant qu’assistante sociale au sein du centre d’accueil d’Uccle, je me suis retrouvée sur le terrain moi-même. La réalité que j’ai vécue ces quelques mois a d’abord été une expérience très enrichissante d’un point de vue humain et émotionnel, mais m’a aussi confrontée à l’impuissance entre autres des travailleurs sociaux qui accompagnent le public des demandeurs d’asile. Il est évident que les centres ne peuvent qu’opérer en respectant le cadre donné et que ceci peut parfois être source de frustration. Au lieu de se plier à cette frustration, j’ai pu observer que les personnes opérant sur le terrain la transforment en énergie positive qu’elle dédient aux résidents, des personnes pouvant eux-même donner tellement en retour.
Je tiens à remercier toutes les personnes qu’on a rencontrées dans le cadre de cette enquête et plus précisément les travailleurs et les résidents que j’ai pu rencontrer dans le cadre de mon stage. Tous ces acteurs nous ont accueillies de manière très ouverte et ils avaient tellement de choses à raconter. Votre engagement fait chaud au cœur et peut être source d’inspiration.
Lena Hatto