Un effort de groupe

La crise migratoire pose de nombreuses difficultés et de multiples questions. Pendant que les hommes et femmes politiques se battent pour adopter les mesures qui leur semblent plus adaptées, une masse se mobilise. Jeunes ou moins jeunes, issus de l’immigration ou venant d’un milieu totalement différent, les citoyens bénévoles se lèvent et viennent en aide chaque jour aux réfugiés.

Il est douze heures, je m’apprête à rentrer pour la première fois dans une association venant en aide aux migrants. Les bureaux sont vides, un gigantesque bâtiment se dévoile en montant les escaliers. Quand j’arrive enfin dans la salle d’accueil, je constate quelques personnes autour d’une grande table de réunion typique des entreprises de bureaux. Après quelques mots échangés, une des bénévoles m’explique qu’ici, tout le monde amène ses effets personnels pour améliorer les locaux de l’association. On trouve une vieille cafetière par ci, de la nourriture par là; un bénévole avait même amené un baby foot pour passer de bons moments. Chacun apporte sa contribution pour essayer de construire un endroit où bénévoles et réfugiés peuvent se rencontrer. J’ai réellement pu sentir l’effort de chaque personne présente dans la salle pour fusionner chaque contribution et créer tous ensemble un effort de groupe.

D’autres bénévoles arrivent dans les locaux, tout de suite l’ambiance se rend plus vivante. Tout le monde se connaît, se fait la bise. C’est une vraie communauté de personnes soudées entre elles que j’ai pu observer en ce jour. Quand j’apprends à connaître chaque bénévole en leur posant quelques questions, je réalise que ce sont souvent des personnes très différentes, venant de milieux différents ainsi que d’âges différents, qui ont apprises à se connaître. Les expériences de chaque bénévole sont étonnantes. Une de ces expériences m’a été racontée par une retraitée. Elle m’explique la confusion qu’il y avait eu au Parc Maximilien, voyant des mères se disputer pour des poussettes et des hommes se bousculant pour prendre des rations. La confusion et le cruel besoin d’assistance semble marquer en effet la plupart des bénévoles que j’ai pu interroger à propos de cette crise migratoire. Je poursuis mon enquête pour entendre une note de pessimisme de la part d’une bénévole. « Les politiques ne font rien, voilà ce que vous pouvez en tirer comme conclusion dans votre enquête » me lance une autre retraitée alors que je lui demande si elle souhaiterait participer. Cette lancée paraît elle aussi synonyme d’un manque de confiance et une désillusion envers la politique, observable même chez mes plus jeunes enquêtés dont un jeune homme qui venait à peine de fêter ses 18 ans.

Même si je notais cette distance prise par rapport à la politique, ces personnes venant en aide aux migrants paraissaient toutes fermement croire à un objectif commun : celui de vivre ensemble. Force est de constater qu’à leurs yeux, améliorer les relations entre les personnes vivant dans une même société n’a en fait jamais été aussi important que pendant cette même crise migratoire dans laquelle nous vivons.

Maximilien Geulette

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