L’augmentation substantielle de migrants à laquelle la Croix-Rouge a dû faire face ces derniers mois l’a conduite à mettre en place un travail dans l’extrême urgence. A côté de bâtiments supplémentaires nécessaires à la mise en place de l’accueil, des travailleurs additionnels ont été recherché pour effectuer un travail en contact direct avec les demandeurs d’asile.
En six mois (entre septembre 2015 et mars 2016) les structures d’accueil de la Croix-Rouge ont triplé passant de 3000 à 9000 places ce qui est non-négligeable. L’infrastructure croissante apporte avec elle une augmentation des ressources humaines sur le terrain ce qui me conduit à m’arrêter un court instant sur les salariés supplémentaires engagés lors de temps de crise.
Trouver des locaux en mesure d’accueillir des migrants, engager du personnel supplémentaire, tels ont été les grands défis que les membres du département ADA (Accueil des Demandeurs d’Asile) ont dû surmonter ces derniers mois pour convenablement faire face à l’arrivée massive des migrants.
L’adjoint à la direction du département de l’ADA, Mommaerts Renaud explique : « il a fallu absolument augmenter la capacité à la demande du gouvernement ; comme auxiliaire de l’Etat, c’est un rôle de la Croix-Rouge de venir en aide à l’Etat lorsque celui-ci n’a pas d’autre solution »[1]
La mission de la Croix-Rouge est claire : elle fait partie de l’un des acteurs principaux dans l’accueil et la gestion des demandeurs d’asile et c’est à elle que revient la charge de s’occuper de cet accueil lorsque l’Etat se voit dépassé par un afflux massif de migrants.
Le conflit syrien d’aujourd’hui marque une nouvelle crise politique face à laquelle l’Europe ne peut rester indifférente. Si celle-ci nous préoccupe actuellement, le monde a connu des crises précédentes tout aussi importantes. Mr. Mommaerts l’atteste « Il faut savoir que ce n’est pas la première (crise) qu’on connaît. Moi j’analyse ça comme étant tous les 5 voire tous les 3-4 ans avec des crises un peu cycliques. Donc ça vient : il y a une arrivée massive puis ça diminue : on doit fermer des centres puis ça revient 3 ans, 4 ans, après et ainsi de suite. »[2]
La rapidité étant capitale en période de crise, la Croix-Rouge doit à chaque fois se démener pour hâtivement trouver des personnes prêtes à aller sur le terrain. Mais ces personnes ne sont parfois que peu formées au travail avec des demandeurs d’asile. Qui plus est, elles ne connaissent pas au préalable la durée de leur présence sur le terrain compte tenue que certains des centres fermeront leurs portes lorsque la venue massive de migrants s’estompera.
Ce constat me permet de penser l’incertitude de l’emploi ce qui est paradoxal car avoir un emploi est souvent source de certitude.
Que va-t-il arriver aux travailleurs dépêchés sur le terrain dans une voire deux années ? Feront-ils encore partie de l’équipe de la Croix-Rouge ou devront-ils de nouveaux éplucher les petites annonces à la recherche d’un emploi ?
Cette thématique m’a fortement questionnée lors de l’entretien avec l’adjoint à la direction et il m’a semblé intéressant de l’évoquer brièvement dans le cadre d’un billet de quelques lignes.
Tshinza Ndaya Rachel
[1] MOMMAERTS R. entretien du vendredi 18 mars 2016.
[2] Ibidem