L’éducation : un besoin fondamental pour les réfugiés

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Tableau de classe de l’école du camp (Photo prise par Nicolas Klein)

Quand on pense à l’accueil des réfugiés, on se préoccupe surtout de ce que l’on considère comme les besoins primaires: nourriture, logement, habillement. Pourtant, l’éducation rentre également dans cette catégorie, mais n’est pas assez souvent évoquée.

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Tableau du cours de mathématiques (Photo prise par Nicolas Klein)

Je n’en avais pas vraiment pris conscience jusqu’à ce que je rencontre Benoit Fulgence Cuchet, membre de l’association Edlumino qui gère le fonctionnement de l’école sur le camp de réfugiés de Grande-Synthe, dans la banlieue de Dunkerque. Lors de mon interview avec lui au début du mois de mars, il a bien insisté sur le rôle fondamental que l’éducation doit tenir: « Les associations, même anglaises, ont cette limite, elles sont focalisées sur nourriture et habillement, eles ne se rendent pas compte que l’éducation est aussi primordiale, ça ne rentre pas dans les têtes » m’a-t-il dit.

Et pour cause. S’il est vrai que se nourrir, s’habiller et se loger sont des besoins indispensables, s’éduquer l’est tout autant, d’autant plus pour des gens qui viennent d’une culture totalement différente. À Grande-Synthe, l’immense majorité des réfugiés sont Kurdes. La plupart d’entre eux souhaitent aller en Angleterre, mais les places sont limitées. Il y a actuellement près de 200 enfants sur le camp, et ce sont bien sûr eux qui sont prioritairement concernés par l’éducation.

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Salle de classe (Photo prise par Nicolas Klein)

L’école fonctionne depuis maintenant plusieurs mois, et cela se passe très bien. « Ce sont des enfants gourmands, extrêmement brillants, éduqués, donc ils apprennent assez vite » m’a dit Benoit. « Et ils sont doués, franchement doués, ils sont rapides. Ils viennent même nous voler nos bouquins, on est bien content qu’ils les volent » rajoute-t-il avec le sourire. « On a une ambiance extraordinaire. Tout le monde nous crie « Teacher teacher » partout où l’on va sur le camp » me disait encore Benoit, avec une fierté apparente. Et j’ai pu m’en rendre compte lorsque je me suis rendu sur le camp. Tous les enfants qui étaient à l’école avaient des livres ou des stylos en main, participaient avec les professeurs, et étaient impatients de retourner en cours le lendemain.

Car c’est là aussi un des problèmes sur le camp : occuper ses journées. Certes, les réfugiés sont totalement libres d’entrer et de sortir du camp quand ils le souhaitent. Mais pour les enfants, une journée peut paraître bien longue. « Dès que tu fais un break, l’enfant retourne au jeu, et sur les camps ils s’embêtent donc ils font les andouilles, et très vite ça peut devenir des bandits car ils ne sont pas du tout structurés » avertit Benoit. C’est donc aussi en ce sens que l’éducation a une place fondamentale auprès des réfugiés. « Il y a un besoin d’éducation et de formation qui va au-delà même de l’enseignement, qui est un relais pour les parents » insiste-t-il.

L’éducation va donc bien au-delà du simple rôle scolaire sur le camp. Les enfants apprennent bien sûr l’anglais, le français, la géographie et les mathématiques. Mais surtout, l’association cherche véritablement à leur donner un cadre, mettre en place des programmes éducatifs structurés, afin que les enfants se comportent mieux au quotidien. Et c’est ce genre de choses qu’il faut aussi mettre en avant et promouvoir. Car la solidarité est bien présente à Grande-Synthe, il suffit de s’y rendre pour s’en apercevoir. À nous maintenant de faire passer ce message : oui, l’éducation est aussi un besoin fondamental pour les réfugiés.

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Entrée de la tente provisoire de l’école (Photo prise par Nicolas Klein)

Nicolas Klein

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