On en parle dans l’actualité , dans le cadre de nos études , dans les conversations de tous les jours , « la crise des réfugiés ». Dès le départ, l’idée d’approcher de près et de pouvoir enquêter sur ce phénomène de manière concrète s’avérait passionnant, afin de tenter de comprendre les mécanismes, le parcours d’intégration, l’accueil reçue par les réfugiés dans nos pays .
Mon héritage familial fait que j’ai grandi avec des proches qui vivent dans un pays dont ils ne sont pas originaires. Il m’ont parlé de l’exil, de leur enfance, de leur pays, de leur culture qui leur manquait et de leur intégration ici. A travers ces récits personnel, j’ai eu l’occasion de deviner les difficultés pratiques propres à l’immigration, au delà des facteurs psychologiques.
Aujourd’hui, ma position d’étudiante me demande de porter un regard analytique sur le parcours de ces gens. Je dois me pencher sur les épreuves administratives qu’ils devront passer alors qu’ils fuient une guerre, quittent leurs proches, sont parfois seuls, ne parlent pas notre langue et ne connaissent pas nos codes. Quand on suit l’actualité au fil des jours et qu’on tombe sur les photos des naufragés en Méditerranée, on se demande avec ironie si ces drames ne suffisent pas comme épreuve pour avoir droit à vivre dans un « pays sûr ».
Le processus d’intégration est plus que jamais institutionnalisé et médiatisé. Les réfugiés doivent répondre à une liste de critères pour avoir droit à un permis de séjour qui leur permettrait de rester sur le territoire belge. Mais s’ils n’y répondent pas, ils devront quitter le territoire. Quelle est la réalité de ces gens? Au-delà des critères, quel est leur parcours de vie? Qu’ont-ils fui et comment ont-ils fait pour arriver en vie jusqu’ici?
Au fur et à mesure de mon enquête, avec de plus en plus de recul, le terme « parcours d’intégration » me parait assez cynique. C’est étrange de savoir que des gens fuient des pays en guerre et doivent faire tant de démarches pour avoir peut-être un jour la possibilité de « s’intégrer » dans un pays où eux et leurs familles ne risquent plus la mort. Le cynisme, c’est de demander à ces exilés de prouver qu’ils ont le droit de rester ici pour échapper à la mort.
Et puis au-delà des épreuves du parcours d’intégration – des épreuves institutionnelles -, il faudra qu’ils répondent à bon nombre d’autres épreuves, sociales cette fois: s’intégrer dans une société bercée par le discours de la “menace des réfugiés” et le “danger islamiste”.
Léa Emmanuel