Des histoires à entendre

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Les entretiens que j’ai effectués m’ont été d’une grande utilité et j’y ai porté un intérêt qui va bien au delà du simple intérêt académique. Chaque histoire nous ouvre les yeux sur quelque chose, nous apprend et vaut la peine d’être entendue. Lors de chacune de mes cinq interviews, j’avais en face de moi une personne venant d’un horizon différent de son voisin mais aspirant généralement au même avenir et à la même sécurité.

Ces personnes avaient beau avoir des blessures et des difficultés différentes, un point  les rassemblait : quitter son pays n’est jamais une partie de plaisir et je pouvais le lire dans le voile de tristesse qui apparaissait sur leur visage quand j’abordais le sujet du départ. Certains d’entre eux n’ont même pas le droit d’y retourner, en l’occurrence ce jeune Albanais de 24 ans, que la situation politique de son Etat a obligé à partir et à parcourir, en un an, plusieurs pays pour tenter de s’y installer, ne serait-ce que pour un moment. Un autre élément qui m’a marquée, c’est que même si ces migrants acceptent de parler pendant une quarantaine de minutes, ils ne disent pas toujours tout et parfois refusent de s’engager dans une discussion portant sur des thèmes sensibles, comme le terrorisme et le 22 mars à Bruxelles par exemple. Je pense qu’ils ne se sentent pas assez à l’aise pour dévoiler certains détails de leur vie, peut-être par peur que cela se retourne contre eux. Mystère.

Par ailleurs, j’ai été touchée tant par le père de famille nigérien dont le seul but est d’assurer un bon avenir sûr pour ses enfants que par le jeune Marocain, en Belgique depuis une dizaine d’années et qui s’est perdu entre les refus qu’il a reçus et les échecs académiques qu’il n’a pas réussi à gérer. Quant à la dernière famille que j’ai interviewée, je n’ai pas dû la chercher. Elle venait d’arriver à la Maison des migrants et c’est avec plaisir que tous m’ont raconté leur histoire, en Syrien. C’est la seule famille d’origine syrienne et/ irakienne que j’ai pu aborder.

Il faut noter que les réfugiés de cette origine ne sont pas faciles à contacter, recevant de plus généralement un avis positif quant à leur demande de régularisation. Et de nouveau, pendant une quarantaine de minutes, j’ai eu droit à leur parcours, un parcours très rude. De la Syrie jusqu’en Belgique, ils ont dû traverser de nombreux pays, sans aucune garantie d’accueil ni même de pouvoir aller plus loin. Pour leur part, l’accueil de l’Europe et de la Belgique les a satisfaits. Ils se sentent les bienvenus et au moment où je leur parlais, ils ne demandaient que deux petites choses : pouvoir se laver et dormir. Pour le reste, ils espèrent rester le temps que la guerre prenne fin, pour ensuite regagner leurs terres qu’ils semblent tant aimer.

Cette expérience m’a davantage ouvert les yeux sur le dur côté de la crise migratoire, avec laquelle viennent des difficultés, des obstacles et surtout un sentiment de confusion et de méfiance. Mais elle m’a également attiré l’attention sur un côté que je négligeais et qui semble être méconnu : là où il y a des gens qui ont besoin d’aide, il y aura toujours, ne serait-ce qu’une personne, pour éclairer leurs journées, leur offrir un sourire, un toit ou même parfois une simple oreille attentive. Il faut savoir aller de l’avant.

Samar Skaiki

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