Le commune de Grande-Synthe est la première commune de France à avoir ouvert un camp humanitaire pour l’hébergement des migrants, au mois de Mars. Ce projet a été financé par Medecin Sans Frontière et les associations d’aide aux migrants en partenariat avec le maire de Grande Synthe, Damien Carême.
Le déménagement des réfugiés du camp de Barosch, situé entre un quartier résidentiel et le stade communal de Grande-Synthe vers le camp de la Linière n’aurait pas été possible sans l’intervention de M. Carême et sa volonté de donner aux réfugiés des conditions de vie acceptables, tout en ménageant la population de la commune.
Lorsque le maire nous a accueilli dans son bureau, en mars dernier, le camp de La Linière, flambant neuf, avait à peine trois semaines. Ce camp avant-gardiste, qui permet aux migrants de vivre dans des conditions humaines, au sec et au propre, n’aurait pas pu exister sans lui. Il a fourni le terrain et a laissé à MSF le champ libre pour installer un camp avec pour seule condition que ce camp ne soit pas vouer à durer indéfiniment. Il s’est également porté garant du camp face à l’Etat.
Ce dossier lui tient à coeur et cela semblait évident tout au long de l’interview. Le maire est au centre du problème, à mi-chemin entre les associations, les migrants, l’Etat mais aussi les habitants de cette commune du Nord de la France, il a un véritable travail d’équilibriste. Pourtant, il semble très enthousiaste par le camp et cet entrain m’a véritablement interpelé.
Il y avait même un certain soulagement lorsqu’il parlait du nouveau camp par rapport à l’ancien. Lorsque nous avons abordé le sujet des enfants sur l’ancien camp, ses propos étaient glaçant, « C’était horrible, horrible, les gamins étaient dans les tentes, ils ne pouvaient pas bouger, ils ne pouvaient rien faire, pas d’espace de jeu, ils ne pouvaient pas courir, ils s’enfonçaient dans la boue, la boue jusqu’aux genoux, c’était impensable. »
Pourtant, son projet reste précis. Le camp n’a pas pour but de durer indéfiniment. Construit sur un terrain qui empêche une extension continu du camp, le but est de revenir à des proportions plus humaines au niveau de l’accueil de migrant. Ainsi, pour M. le Maire, « le camp est trop important avec 1.500, il faudra petit à petit qu’on le résorbe ».
En effet, avec une population à Grande-Synthe d’un peu plus de 21 300 habitants, le nombre de réfugiés a représenté jusqu’à 10% de la population totale de la ville, c’est à dire environ 2800 réfugiés. Dans une ville qui a aussi ses propres problèmes, avec notamment un chômage élevé, autour de 24%, l’accueil des migrants a été pourtant bien géré et c’est une véritable fierté pour le maire.
Pourtant, la cohabitation n’est pas toujours simple. Tout d’abord le premier camp était situé dans un quartier résidentiel et les habitants n’étaient séparés des migrants que par la route. Bien que le camp ait été évacué entre temps, nous avons pu en voir les restes et cela fait froid dans le dos. De plus, les migrants ne se sentent pas toujours bien accueilli dans la ville. M. le Maire a donc du faire preuve d’un grand talent de communication pour éviter que la situation ne dégénère, comme cela a pu être le cas à Calais.
Son inquiétude est maintenant le financement. Sans un soutien de l’Etat, la commune de Grande-Synthe et la communauté urbaine de Dunkerque ne pourront pas assumer seules le coût d’entretien et de fonctionnement du camp. En effet, celui ci est estimé a environ 3 millions d’euro par mois, ce qui est une somme bien trop élevée pour une ville de cette taille.
Il peut cependant se rassurer de la présence toujours aussi importante des associations qui restent très mobilisées sur le camp. Il nous a d’ailleurs annoncé qu’UNICEF comptait intervenir sur le camp exactement. Il ne semble donc pas inquiet à propos de l’avenir du camp. De plus, des animations commencent à prendre forme sur le camp, comme des concerts ou des distributions d’oeufs de Pâques aux enfants.
Il nous a fait part d’un souhait. M. Le Maire aimerait que d’autres communes prennent exemple sur Grande-Synthe et sa gestion des migrants pour prendre eux aussi en charge des migrants et le soulager de ce poids et de cette responsabilité.
Chloé Sapéna