Dans le cadre de notre étude comparative entre jeunes Belges issus des deux communautés linguistiques principales du pays sur leur perception concernant l’arrivée des migrants syriens et irakiens, nous avons rencontré 15 jeunes Belges francophones et néerlandophones. L’une d’enntre eux m’a particulièrement marqué: Ophélie, étudiante en master en ressources humaines, cette jeune fille de 24 ans.
Voici son histoire !
Un matin de la fin de l’été 2015, elle a raté son bus et a dû en prendre un autre qui passait devant le parc Maximilien, ce parc bruxellois qui servait de lieu de campement des demandeurs d’asile principalement syriens ou irakiens. Rien qu’à la vision de la situation, elle a vécu un choc. Et c’est ainsi que tout a commencé.
Elle nous a expliqué comment non seulement elle est profondément touchée par la crise migratoire, qu’elle appelle pour sa part “crise de l’accueil”, mais surtout comment elle contribue au quotidien en tant que volontaire. En effet, elle est extrêmement impliquée. Cette thématique semble toucher sa vie au plus profond. Directement après la découverte du parc Maximilien, elle a rejoint la Plateforme citoyenne de soutien aux réfugiés et a aidé autant qu’elle le pouvait. Il s’agit de bénévolat constant. Elle nous a dit d’ailleurs: « Actuellement je suis travailleuse sociale et conseillère juridique, donc je les assiste dans leur procédure d’asile. » De plus, quand nous l’avons rencontrée, elle revenait justement de la “jungle” de Calais, et ce n’était pas son premier séjour là-bas.
Son bénévolat l’a également menée à tisser des amitiés. Elle nous a révélé la chose suivante: «Moi personnellement, du fait d’avoir été là pendant six mois, je me suis vraiment fait de vraies amitiés, de vraies amitiés, pas des amitiés en carton. Et je passe tout mon temps maintenant avec certains d’entre eux et on va boire un verre, on va au cinéma, on fait ci, on fait ça, et c’est juste comme avec mes potes…»
D’un autre côté, Ophélie semble dédier une part importante de son temps à l’acquisition d’information à ce sujet et à la cause des demandeurs d’asile. Tous les jours, elle s’informe. Elle a des connaissances très précises. En fait, elle tente de trouver des informations objectives, notamment les chiffres officiels, pour après former sa propre interprétation via différents médias et surtout via les échanges interpersonnels, soit de personnes en contact avec les demandeurs d’asile syriens, irakiens, soit directement avec ces derniers.
Enfin, j’ai aussi été marqué par la manière avec laquelle elle blâme « le politique », particulièrement néfaste et ayant failli à sa mission de protection à la fois des droits de l’homme et des droits des candidats à l’asile. Elle considère que le monde associatif a fait le travail de l’État. “On n’a pas un euro de l’Etat, on ne reçoit pas de subventions. Et pourtant, on travaille à plein temps, surtout au parc Maximilien. C’est l’accueil que l’Etat ne fournissait pas.”, affirme Ophélie.
Georges Catsaris