La jungle de Grande-Synthe. Les médias nous en parlent régulièrement. La boue, l’humidité, le froid mais surtout les conditions de vie insalubres sont souvent les synonymes utilisés pour décrire le camp des réfugiés présent dans l’agglomération Dunkerquoise.
Jeudi 24 mars 2016, Nicolas, Mathieu, Chloé et moi-même avons décidé de nous rendre à Grande-Synthe et d’y passer la journée afin de visiter le camp des réfugiés et de rencontrer les ONG et associations présentes. Dès notre arrivée, j’ai eu l’agréable surprise de voir les enfants s’amuser, les ados jouer au ballon mais aussi les femmes discuter avec entrain. Les habitudes semblaient déjà bien installer et pourtant, le camp ne datait que de quelques semaines. Nous avons donc eu la chance de voir le camp sous un œil nouveau puisque le déménagement était très récent. « La jungle » de Grande-Synthe dont nous entendions beaucoup parler, avait un nouveau visage.
N’ayant jamais vu l’ancien camp, nous avons posé quelques questions à Claudette, membre de l’association ADRA, pour connaître les changements marquants depuis le déménagement. Et le jugement est sans appel :
« C’est comme passer d’un hôtel moins 4 étoiles à un hôtel 4 étoiles » ; « L’ancien camp était inhumain et invivable » ; « On voit déjà que les réfugiés se promènent plus souvent sur le camp. Dans l’ancien, ils sortaient uniquement s’il y avait nécessité. »
Les douches étaient très peu nombreuses et le temps sous celles-ci était chronométré : 7 minutes maximum par réfugié pour que tout le monde puisse en bénéficier. L’ancien camp se trouve au milieu d’un petit bois. Le sol était extrêmement boueux, tellement qu’il était impossible de s’y rendre sans s’enfoncer jusqu’aux genoux lorsqu’il pleuvait. Les enfants jouaient au milieu des déchets, dans le froid et l’humidité.
Après cette discussion, nous avons voulu nous approcher de cet ancien camp pour voir de nous-mêmes à quoi il ressemblait. Dès le premier regard, j’ai eu la possibilité de mettre des images sur les mots tels que « invivable », « indigne » ou « inhumain ». J’ai vu le camp vide mais il y avait encore de nombreux déchets, palettes, tentes… Et il m’était extrêmement difficile d’imaginer 2 500 personnes y vivre tous les jours, pendant des mois.
Je retiens cette expérience comme l’un des moments les plus intéressants de cette journée, pour plusieurs raisons. Tout d’abord, l’opportunité de comparer l’ancien et le nouveau camp était essentielle dans notre recherche. Cela nous a permis de comprendre la raison de la lutte des associations mais aussi du maire dans « la création d’un camp plus digne ». Personnellement, cela m’a également beaucoup appris. La réalité du terrain m’a permis de voir le problème dans sa globalité et, ainsi, développer un regard plus objectif et pertinent. Il faut connaitre les objectifs passés, les succès et les échecs pour pouvoir comprendre objectifs futurs.
Aujourd’hui, les sanitaires sont plus nombreux et régulièrement nettoyés. Les familles sont très souvent dehors de leur petit chalet et vont à la rencontre des autres. Il y a des écoles pour les enfants mais aussi pour les adultes désireux d’apprendre une nouvelle langue. Les conditions de vie se sont donc clairement améliorées. Peut-être pas digne d’un hôtel 4 étoiles, mais au moins digne d’un être humain.
Flavie Derick