Certains des élèves primo-arrivants sont des mineurs non-accompagnés. Orphelins ou arrivés sans leurs parents, leur intégration est d’autant plus difficile. Mais ce parcours du combattant ne s’arrête pas une fois devenus majeurs, bien au contraire.
Tant qu’ils sont mineurs, ils sont hébergés dans un bâtiment spécial qui leur est dédié à FEDASIL, où ils partagent une chambre avec quatre ou cinq autres mineurs. « C’est un petit peu comme à l’internat », m’explique un coordinateur DASPA. Mais le jour de leurs 18 ans, ils doivent faire leurs bagages et passent du côté adulte. C’est déjà un traumatisme, car ils n’ont aucun sas de décompression pour encaisser cette transition brutale, qui survient juste au moment où ils retrouvent un semblant de repères. A partir de ce moment, tant qu’ils n’ont pas encore leur reconnaissance de statut de réfugié, ils se retrouvent dans des dortoirs avec des gens de tous âges, où toute intimité est rendue impossible, jusqu’aux douches collectives.
Une fois qu’ils obtiennent la reconnaissance de leur statut de réfugié, les autorités leur administre une commune. Ils sont alors invités à s’inscrire au CPAS afin de toucher un revenu d’intégration. Il leur est ensuite demandé de trouver un logement, signer un bail, prendre contact pour gérer leur eau et leur électricité, etc. alors qu’ils arrivent d’un pays étranger où ils n’ont jamais eu à faire tout cela.
Dans certaines communes, il y a cependant des ILA (Initiatives Locales d’Accueil). Ce sont des maisons possédées par la commune qui sont mises à disposition de quatre ou cinq jeunes, reproduisant le schéma d’internat (certains parlent même de « kot » !) auquel ils s’étaient habitués à FEDASIL. Il y a même un assistant social qui les aide dans leurs démarches. Evidemment, cela dépend des communes … Mais « c’est une bonne transition », me confie un coordinateur DASPA, avant d’ajouter : « Moi, si à 18 ans, j’avais dû me retrouver dans un pays à l’étranger, seul, et devoir trouver un logement et mettre en place tous ces trucs-là, j’aurais vraiment été paumé ! D’autant plus qu’il faut continuer à l’école à côté … ».
Difficile alors de ne pas abonder en son sens et de relativiser les difficultés auxquelles nous, étudiants mieux lotis, sommes confrontés.
Michaël Boumal